Impréparation, stress et épreuves annulées : les E3C cristallisent les tensions

Impréparation, stress et épreuves annulées : les E3C cristallisent les tensions

Depuis le 20 janvier 2020, les épreuves communes de contrôle continu ont débuté dans les lycées français. Baptisées “E3C”, ces épreuves découlent de la réforme du baccalauréat prévue en 2021. Elles suscitent une levée de bouclier des professeurs et parents d’élèves qui fustigent l’impréparation de l’Education nationale. Aux premières loges de cette discorde, les élèves de première.

« C’est pas vivable, tout le monde est stressé », confie Noa, élève en classe de première au lycée Charlemagne dans le IVe arrondissement de Paris (75). La jeune fille de 16 ans passe sa première épreuve commune de contrôle continu, l’histoire-géographie, ce lundi 27 janvier. « C’est vraiment mal organisé, on se lance dans le vide », soupire-t-elle. En cause : le manque d’information. « Nous avons su très tard les dates exactes de l’examen, les professeurs n’ont reçu leurs grilles d’évaluation que la semaine dernière… » 

Selon le calendrier de la réforme du lycée, engagée par le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer, la nouvelle mouture du baccalauréat entrera en vigueur officiellement en 2021. Pourtant, les élèves de première des filières générales et technologiques connaissent des changements dès cette année, avec les épreuves communes de contrôle continu, baptisées E3C. 

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« Nous passons une épreuve d’histoire-géographie et deux autres en langues vivantes », explique Louison, en première au lycée Douanier-Rousseau à Laval (Mayenne). Les premières technologiques ont une épreuve de mathématiques en plus. Ces épreuves anticipées comptent pour 30% de la note finale au baccalauréat. 

Fuite des sujets sur Twitter

Louison a passé ses deux épreuves de langues, anglais et espagnol, jeudi 23 janvier. « Le sujet d’anglais, je l’avais déjà vu passer sur Twitter, j’étais donc plutôt à l’aise. » Une banque nationale des sujets a été ouverte par l’Éducation nationale le 9 décembre dernier. Les chefs d’établissements et professeurs de chaque lycée choisissent, sur cette banque d’épreuves, les sujets sur lesquels composeront les élèves. Problème : les dates des E3C ne sont pas communes au niveau national. 

Les sujets déjà composés fuitent d’ores et déjà sur Twitter. « Comme nous sommes les premiers à subir cette réforme, nous n’avions pas d’annales donc nous savions au moins à quoi ressemblait un sujet type », se réjouit Louison.

Des épreuves annulées

Certains lycées ont même annulés les E3C jusqu’à nouvel ordre. Au lycée Flora-Tristan de Noisy-Le-Grand (Seine-Saint-Denis), les épreuves qui devaient se dérouler cette semaine ont été reportées, signe du climat tendu. « Des blocus sont en train de se monter », rapporte Lile, élève de première. Et les lycéens ne cachent pas leur inquiétude face au manque de préparation et à leur charge de travail alourdie. 

« Je stresse beaucoup, je ne suis absolument pas prête pour ces épreuves, et nous n’avons aucun jour banalisé pour pouvoir réviser. Nous continuons d’avoir autant de devoirs à la maison », témoigne Lile. Résultat : le sommeil et la santé physique des jeunes en pâtissent. « Je suis très fatiguée car je dors moins à cause des révisions. La semaine dernière, pour un devoir de français, j’ai révisé toute la nuit », constate Noa.

Ce sentiment de précipitation est également vivement pointé du doigt par les équipes enseignantes. « Nos professeurs se sont mis en grève pour protester contre la réforme donc ce ne sont pas eux qui choisissent les sujets des E3C, ni même eux qui corrigent nos copies », relève Hugo, élève de première au lycée Arago de Paris (75). 

Maïté Charles
(texte et photos)

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