Contre les féminicides, des jeunes recouvrent les murs de Montreuil

Contre les féminicides, des jeunes recouvrent les murs de Montreuil

149 féminicides ont été recensés en France, en 2019. Pour lutter contre ce fléau « qui concerne tout le monde, même les ados », Lola, 15 ans, organise chaque semaine des collage d’affiches dans les rues de Montreuil. Nous les avons suivis, samedi 25 janvier, lors d’une opération d’affichage sauvage.

Tous les samedi soir, l’appartement de Lola, 15 ans et de sa mère Leïla, 43 ans, est transformé en QG. En deux mois, une centaine de personnes ont foulé le parquet du salon pour s’approvisionner en pancartes, colles et brosses.

« C’est plus facile si on s’occupe de tout. Ça incite les gens à venir. Ça nous permet de donner des conseils et de former celles qui collent des affiches pour la première fois », explique Lola. Sa mère, la soutient dans ce combat contre les féminicides. Sous l’impulsion de sa fille, elle a d’abord commencé par accompagner les groupes de mineurs qui partaient coller des affiches dans les rues de Paris. Maintenant, elle aide Lola à étendre le mouvement à Montreuil.
Dans le salon, un plan de Montreuil est fixé au mur. Les militants ont surligné les rues où des affiches anti-féminicides sont déjà collées. Ce soir, le groupe de Lola vise les murs du quartier de la mairie de Montreuil.
Equipé de gros pulls pour affronter le froid, le groupe de Lola se dirige vers la mairie. Ce soir ils sont cinq, tous mineurs, bien décidés à prouver que les ados aussi peuvent se battre et agir pour leurs convictions.
L’objectif des collages anti-féminicides est simple : interpeller, informer et sensibiliser les passants. Pour que les affiches parlent au plus grand nombre, elles sont traduites dans plusieurs langues : anglais, français, arabe et espagnol. Ici : #Metoo traduit en arabe.
La mairie de Montreuil tolère l’action des adolescents qui sont maintenant connus des policiers. Mais le groupe ne prend aucun risque. Il ne leur faut que quelques minutes pour coller chaque message sur les murs. Une fois leur tâche terminée, ils déguerpissent rapidement.
Les affiches sont des slogans récupérés auprès d’associations féministes ou des bouts de témoignages de femmes qui contactent Lola. Ils sont préparés dans les locaux de la Maison des Femme de Montreuil. En moyenne, le groupe colle une trentaine de messages chaque semaine.
L’action des jeunes attire l’attention des passants. Certains applaudissent l’initiative, certains restent indifférents. Restent quelques passants hostiles à la démarche : un soir, Lola et quelques jeunes ont subit une agression physique et verbale. Ici, une dame filme l’un des adolescents pendant qu’il colle une affiche.

« Toi tu me prenais en photo pour raconter notre action. Elle, c’était pour la dénoncer. »

L’adolescent qui a collé l’affiche « J’ai peur » à notre reporter

La durée de vie des affiches dépend souvent de leur contenu. Quand elles tiennent une ou deux semaines, c’est « déjà bien », raconte Lola. Parfois les messages sont simplement déformés. « Sur les affiches ‘protégeons les vivantes’, le ‘e’ est souvent enlevé », explique-t-elle.
Avant de rentrer, le groupe rafistole les slogans arrachés.

Inès de Rousiers
(texte et photos)

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