Le point sur l’affaire Mila entre cyberharcèlement et droit au blasphème

Le point sur l’affaire Mila entre cyberharcèlement et droit au blasphème

L’affaire Mila agite les réseaux sociaux et la classe politique depuis le 18 janvier. Cette jeune fille de 16 ans a été victime d’une campagne de cyberharcèlement après avoir tenu des propos insultants envers l’islam sur Instagram. Retour sur la polémique.

Le Tinder des adolescents

« Je déteste la religion, (…) le Coran il n’y a que de la haine là-dedans, l’islam c’est de la merde. (…) Votre religion, c’est de la merde, votre Dieu, je lui mets un doigt dans le trou du cul, merci, au revoir. » Ces propos sont ceux de Mila, jeune fille de 16 ans originaire de l’Isère, qui, le 18 janvier dernier, s’est adressée à ses abonnés sur Instagram. Dans la foulée, la jeune fille qui se présente comme homosexuelle est victime d’une campagne de cyberharcèlement : elle reçoit une pluie d’insultes et de menaces de mort. « Va mourir en enfer grosse pute sale lesbienne », « sale Française », « Française de merde »…, lui assène-t-on. Son identité, son adresse et le lycée dans laquelle elle est scolarisée sont dévoilés sur la toile. La jeune fille est déscolarisée. 

Le tournant judiciaire

Le parquet de Vienne (Isère) avait ouvert deux enquêtes, une pour menaces de mort contre les détracteurs de la jeune fille et une pour incitation à la haine raciale contre Mila. Ce jeudi 30 janvier, il a finalement classé sans suite cette dernière. « Les investigations conduites aux fins d’exploitations des propos diffusés, d’analyse de leur dimension contextuelle, de la personnalité de leurs auteurs et des finalités poursuivies, n’ont révélé aucun élément de nature à caractériser cette infraction pénale », a indiqué dans un communiqué le procureur de la République de Vienne, Jérôme Bourrier. 

Le débat politique 

Lors d’un entretien sur Europe 1, la ministre de la justice, Nicole Belloubet, s’est exprimée sur le sujet mercredi 29 janvier. Elle a notamment déclaré que « l’insulte contre une religion constituait évidemment une atteinte à la liberté de conscience ». Accusée de vouloir remettre en cause le droit au blasphème, qui n’est pas un délit en France, elle est finalement revenue sur ses propos ce jeudi 29 janvier. « Je n’avais pas à dire ça », a t-elle admis ce matin sur les ondes de Radio Classique en défendant le droit au blasphème. 

Qu’en pensent les ados ? 

Anaïs, Anouck et Lucie ont 13 ans et sont en quatrième. Elles ont toutes entendu parler de l’affaire Mila, et ont Instagram, Snapchat et WhatsApp. Elles aussi ont connu le harcèlement sur les réseaux sociaux. « Sur un groupe WhatsApp, quelqu’un m’a insulté pendant trois jours mais mes parents sont intervenus », raconte Lucie. Et sur leur rapport à la liberté d’expression, elles sont plutôt réservées. « Personnellement, je garde mon avis pour moi et j’hésite à dire ce que je pense sur les réseaux sociaux comme sur les religions parce que je ne sais pas ce que les gens peuvent penser de moi », rapporte Anouck. De son côté, Anaïs n’ouvre ses réseaux qu’à ses amis : « Tous mes comptes sont privés. »

Maïté Charles

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