Données personnelles : les ados, cible facile des applis

Données personnelles : les ados, cible facile des applis

Elles s’immiscent dans l’intimité des adolescents, sans qu’ils en soient toujours conscients. En cette journée mondiale de la protection des données, Paradox recense les plus intrusives.

Ils et elles les utilisent pour poster leurs photos, échanger avec leurs amis ou devenir populaire. Ces dernières années, certaines applications et réseaux sociaux ont fait des adolescents leurs cibles privilégiées. Mais devant cet engouement, les mineurs commencent progressivement à mesurer la portée de l’utilisation de ces plateformes qui collectent leurs données personnelles. 

Nom, adresse, âge, numéro de téléphone, adresse, mail, photos, localisations… La liste des informations aspirées par les algorithmes est longue. Les applications affirment garantir la vie privée de leurs utilisateurs. Dans les faits, la circulation de leurs données personnelles reste difficile à contrôler. 

TikTok

Plus de 800 000 utilisateurs utilisent régulièrement l’application TikTok dans le monde./DR

Le réseau social compte plus de 4 millions d’utilisateurs en France, essentiellement âgés de 10 à 14 ans, alors que la charte signale pourtant qu’il faut avoir au moins 13 ans pour s’inscrire. L’application, détenue par le géant chinois ByteDance, permet de se filmer, face caméra, en train de danser, chanter, ou reproduire des scènes de films, le tout sur de la musique proposée par la plateforme. 

Un réseau social innocent, à première vue. Mais mieux vaut être vigilant : TikTok est accusé de collecter les données de millions d’utilisateurs, majoritairement mineurs, sans leur consentement. L’année dernière, la plate-forme a été condamnée, aux Etats-Unis, à une amende record de 5,7 millions de dollars.

À 16 ans, Aïden a plusieurs comptes TikTok, créés avec différentes adresses mail. Pour limiter au maximum la collecte de ses données personnelles, l’adolescente fait attention : elle utilise régulièrement un VPN, un système qui permet de délocaliser son adresse IP, et donc d’échanger des informations de manière sécurisée. « Du coup, moi je leur fait croire que je suis en Pologne ! », s’amuse l’élève de première au lycée Henri Bergson, dans le XIXe arrondissement de Paris. « En plus, elle met des mots de passe de 44 caractères », ajoute son amie en plaisantant.

>>> Nos conseils pour bien protéger les données de vos ados

Snapchat

Snapchat est l’application la plus utilisée des jeunes de 15 à 24 ans./DR

C’est l’application préférée des adolescents. Elle réunit 188 millions d’utilisateurs actifs chaque jour dans le monde, et arrive en tête des applications les plus utilisées parmi les 15-24 ans, devant Facebook et Instagram. Le réseau social permet d’envoyer des photos ou des vidéos s’autodétruisant au bout de quelques secondes. Une illusion d’éphémère qui cache une autre réalité : avec un modèle économique fondé sur la publicité, Snapchat n’hésite pas à collecter toutes les données auxquelles la plateforme a accès. Il y en a beaucoup : géolocalisation, partage de connexion internet avec un tiers, accès au répertoire et à l’appareil photo, partage de données avec d’autres applications possédées par la société Snap Inc… 

Photo Roulette

L’application Photo Roulette, théoriquement interdite aux moins de 16 ans, est très populaire auprès des adolescents depuis le début de l’année./DR

Plus de 500 000 téléchargement en France pour cette application théoriquement interdite aux moins de 16 ans. Le principe : l’appli sélectionne aléatoirement une photo de votre galerie et la montre aux autres joueurs pendant cinq secondes. Ensuite, ils doivent deviner à qui elle appartient. Le joueur qui a le plus de bonnes réponses au bout de quinze parties a gagné. 

Problème : pour jouer, il faut donner l’accès à toutes les photos présentes dans son téléphone.  « J’ai déjà utilisé Photo Roulette une fois en soirée, et j’avoue que c’est un peu chaud », confie Chiara, tout juste 18 ans. Depuis, elle n’a pas retenté l’expérience. « Mais on est pas à ça près, ajoute l’élève de Terminale, résignée. Toutes les applications nous demandent l’accès à nos données, et nous on dit oui à tout. Personnellement, ça ne me pose pas de problème. »

Squad

Le nouveau réseau social Squad permet aux utilisateurs de partager leur écran, en temps réel./DR

Partager son écran avec neuf autres personnes ? L’application américaine Squad rend possible cette acrobatie technologique. La plateforme, arrivée il y a un an sur  l’Apple Store, permet d’inviter ses amis à naviguer sur son propre smartphone tout en pouvant discuter et aller voir ce qu’il se passe sur les écrans des autres invités. 

Pour cette application encore peu connue en France, l’objectif est de contrer les phénomènes de solitude liés à l’utilisation des réseaux sociaux. Mais le dispositif interroge car donner l’accès à son écran n’est ni anodin ni sans risques pour ses données. En effet, au delà des captures d’écran qui peuvent être faites par les utilisateurs invités, Squad peut s’immiscer dans les autres applications de messagerie tels que Facebook ou Whatsapp et donc permettre de divulguer des conversations privées. Un enjeu encore peu pris en compte par la plate-forme. 

Mariama Darame et Ambre Rosala

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