Pour apprendre, les vidéos YouTube remplacent les fiches de révision

Pour apprendre, les vidéos YouTube remplacent les fiches de révision

Sur YouTube, il n’y a pas que les humoristes ou les influenceuses beauté qui cartonnent auprès des adolescents. La plateforme américaine de partage de vidéos est de plus en plus plébiscitée pour ses contenus pédagogiques.

Sous une pluie fine, bonnet et capuche sur la tête, Vincent, élève de première au lycée Rodin à Paris, est catégorique : « Si je suis passé en seconde, c’est grâce à Yvan Monka… Il a sauvé mon brevet. » Yvan Monka est professeur de mathématiques dans un lycée du Bas-Rhin… Mais aussi un youtubeur. Calcul de probabilités, vecteurs, équations trigonométriques… Depuis cinq ans, l’enseignant explique les mathématiques, face caméra, sur sa chaîne YouTube. Et elle cartonne : Yvan Monka cumule aujourd’hui près de 90 millions de vue, et plus de 600 000 abonnés, majoritairement des collégiens et des lycéens.

YouTube, réseau social numéro un chez les ados

Pas étonnant, tant ils sont friands de la plateforme YouTube. Selon une étude de l’observatoire Lecture Jeunesse rendue publique le 30 janvier, YouTube est le réseau social le plus consulté par les 15-25 ans. Les trois quarts des moins de 18 ans vont sur la plateforme au moins une fois par jour. Et comme Vincent, beaucoup d’adolescents révisent leurs cours sur YouTube. Pour Charly, élève de première à La Rochelle, cette méthode se révèle bien plus efficace qu’avec ses cahiers. « J’ai une mémoire auditive, révèle le lycéen. Donc si je ne comprends pas quelque chose en cours, il faut que j’entende quelqu’un me l’expliquer pour comprendre et bien retenir. » Pareil pour Youssef. « Avant chaque contrôle, je regarde une vidéo en rapport avec mon cours, explique le lycéen parisien. En général, je regarde les vidéos de la chaîne Les bons profs. Je trouve qu’ils expliquent mieux que mes profs, et je suis plus concentré qu’en classe. » 

Créée en 2012, la chaîne vidéo Les bons profs est tenue par des professeurs de l’Education nationale. En quelques minutes, ils proposent des rappels de cours, de la sixième à la terminale, pour n’importe quelle matière. Des centaines de contenus au succès indéniable : la chaîne totalise près de 850 000 abonnés, et 175 millions de vues. Leur public adolescent juge souvent les vidéos de la chaîne plus compréhensibles et synthétiques que leurs cours. Mais aussi plus pratiques. « Si je ne comprends pas quelque chose, je peux mettre la vidéo sur pause et revenir en arrière, raconte Carla, 16 ans. Je peux la regarder autant que je veux, jusqu’à ce que ça rentre. » 

Des vidéos pour réviser, mais pas que

YouTube n’a pas seulement changé les habitudes de révisions des adolescents. Aujourd’hui, quand ils se posent une question, leur premier réflexe est souvent d’aller consulter la plateforme américaine. Pour en savoir plus sur des sujets de sociologie ou d’histoire, Charly s’est abonné à des youtubeurs comme Horror Humanum Est, AlterHis, ou encore Nota Bene, que le lycéen apprécie particulièrement. « Il nous apprend des choses, avec des dates, des photos, du contexte, tout en faisant des blagues. Ça détend l’atmosphère, c’est moins pesant, moins scolaire. »

Pour tout comprendre à la science, Vincent, lui, suit des chaînes comme Dirty Biology, Max Bird ou Dans Ton Corps. « Grâce à des youtubeurs comme eux, on découvre plein de sujets, souligne-t-il. Même si, bien sûr, ce n’est pas possible de tout comprendre à la fusion nucléaire en dix minutes. » 

Vincent a bien conscience que ces vidéos ne pourront jamais remplacer les cours à l’école. « Ce n’est pas forcément mieux, reconnaît le lycéen, mais c’est complémentaire. » Et surtout, elles donnent envie d’apprendre. « Tous les profs n’ont pas forcément la bonne méthode pour nous stimuler, poursuit l’adolescent. Ces vidéos, elles rendent n’importe quel sujet plus intéressant. Les profs devraient plus s’en servir en cours. » De plus en plus d’enseignants l’ont compris. Alors ils conseillent des chaînes à leurs élèves, diffusent des vidéos pendant leur cours. Ou, comme le professeur de mathématiques Yvan Monka, se lancent carrément face caméra.

Ambre Rosala

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