Vinted, le nouveau business des ados

Vinted, le nouveau business des ados

De plus en plus d’adolescents bradent leurs vieux vêtements sur la plateforme Vinted pour compléter leur argent de poche. Pour certains, ce vide-dressing virtuel se transforme presque en job à plein temps.

Robes, chemises, doudounes, pantalons, chaussures… Et le tout pour trois fois rien. Des milliers de vêtements, de la marque premier prix aux articles de luxe, défilent sur l’application Vinted. Depuis 2008, la plateforme lituanienne met en relation des particuliers qui peuvent vendre, acheter ou échanger des vêtements d’occasion. Un dressing virtuel qui n’a rien de compliqué : le vendeur publie des photos de ses vêtements, négocie le prix avec les acheteurs intéressés, puis leur envoie les articles par colis. Dans le même temps, il reçoit l’argent sur son compte Vinted. Il peut l’utiliser sur l’application, ou le virer vers un compte bancaire. 

Une appli réservée aux adultes, en théorie seulement

Vinted compte 8 millions d’utilisateurs en France, son plus gros marché. Chaque jour, la plateforme enregistre 23 000 nouvelles inscriptions. Et si en théorie, elle est interdite aux moins de 18 ans, elle regorge en fait d’adolescents. Ils viennent surtout chiner des vêtement à bas prix… Mais aussi, parfois, vendre quelques articles pour se faire un peu d’argent. Anna, 18 ans, est inscrite sur Vinted depuis plus de deux ans. « Ca m’a permis de me débarrasser des vieux habits que je ne portais plus. Et je me suis dit que ça pouvait faire plaisir à quelqu’un tout en me faisant  un peu d’argent. Donc c’est tout bénéf ! », se réjouit la lycéenne originaire des Hauts-de-France. L’année dernière, elle a gagné 65€ en bradant ses vêtements. 

Pour d’autres, ce petit complément d’argent de poche prend des proportions bien plus importantes. Joseph, 14 ans, a gagné 250€ depuis le mois de septembre grâce à Vinted. « Je vends environ un article par semaine. Si c’est un t-shirt, je le vends entre 5 et 10€, en fonction de la marque et de l’état. Si c’est un sweat, c’est plutôt entre 15 et 25€ », explique l’adolescent du Havre. 

Brader sur Vinted, presque un job à plein temps

Comme Joseph, de nombreux ados maîtrisent parfaitement les codes de la plateforme. À tel point que pour certains, ce qui servait à débarrasser les placards se transforme en véritable business. « Au début, je vendais seulement mes vieux vêtements, parce que j’avais vraiment une montagne de trucs, raconte Emma, 18 ans, inscrite sur Vinted depuis un an et demi. Mais j’ai vite compris que ce qui marchait le plus, c’était les trucs un peu vintage. » Jusqu’à ce qu’elle trouve un petit boulot récemment, la lycéenne parisienne usait d’un stratagème pour gagner un peu plus d’argent. « Le week-end, j’allais acheter des vêtements de marque en friperie. Je trouvais des t-shirt Lacoste à 10€, et je les revendais 50€ sur Vinted. Comme ça, je gagnais entre 150 et 200€ par mois. » Depuis, Emma a dû laisser tomber sa petite entreprise, faute de temps. « Il fallait lister tous les vêtements que je voulais vendre, les prendre en photo, les publier sur l’application… Mais aussi acheter des colis, les préparer et les envoyer… Ça me prenait beaucoup de temps », résume Emma.

Avec Vinted, ces adolescents se sont transformés en petits gérants d’entreprise. Ce qui ne dérange pas leurs parents, au contraire. « C’est même ma mère qui m’a incité à le faire », plaisante Joseph. Parfois, la vente sur Vinted se transforme en affaire familiale. « Je demande souvent à ma mère d’aller m’envoyer des colis quand je n’ai pas le temps », s’amuse Anna, qui a aussi converti sa soeur au dressing virtuel. Manon, 17 ans, brade carrément des articles pour sa mère : « Je publie ses vêtements sur Vinted, et si j’arrive à les vendre, je touche une petite part. » L’année dernière, son pactole s’est élevé à près de 500€. « Je mets une partie de côté pour financer mes études », explique la lycéenne du Val d’Oise. Le reste, elle l’utilise pour ses sorties entre amis… Et pour s’acheter d’autres vêtements.

Ambre Rosala

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